Voyant la pauvreté sévir dans sa paroisse, l’abbé Oudoul, nommé curé de Buzançais en 1828, eut l’idée d’une société religieuse pour venir au secours de la jeunesse laissée pour compte de sa ville. Or il y avait à Buzançais Julie-Suzanne d’Auvergne, née à Luçay-le-Mâle en 1778 dans une vieille famille établie en Berry depuis le XIVe siècle. 9ème de 12 enfants, ayant perdu son père très tôt, elle étudia à Paris. Mais la Révolution arrivant, elle revint avec ses sœurs auprès de sa mère à Buzançais et la seconda dans le soin des pauvres et des malades.
S’appuyant sur une ancienne confrérie buzançéenne dédiée à l’Immaculée Conception, fondée en 1638, l’abbé Oudoul créa une association de femmes laïques sous la même invocation. Dans la maison dite de Nazareth, propriété de la famille d’Auvergne qui arborait une petite tour aujourd’hui disparue, quelques femmes se dévouaient à l’assistance de la population, ainsi qu’à l’éducation des enfants. Sous l’impulsion conjointe de l’abbé Oudoul et de Marie-Julie d’Auvergne, les femmes de Nazareth prirent le nom de « Dames de l’Immaculée Conception ». Elles ouvrirent une école en novembre 1835. Cette même année, trois femmes de l’association précitée prirent l’habit religieux, avec à leur tête, Marie-Julie d’Auvergne, et se dotèrent d’une Règle. Alors que les sœurs n’avaient pas encore prononcé leurs vœux perpétuels, de nouvelles recrues arrivèrent dès 1836. Agée de 58 ans, Marie-Julie devint religieuse pour de bon en prononçant les vœux de pauvreté, chasteté et obéissance. C’est en 1838 que les religieuses s’installèrent dans ce qui est aujourd’hui le collège privé, dans une ancienne maison de chasse des seigneurs du lieu. Au couvent s’ajoutèrent un pensionnat, puis un externat et leurs classes.
Si Marie-Julie d’Auvergne a vécu dans le plus grand effacement qu’impose la vie religieuse, ses obsèques ont témoigné de l’importance de son œuvre qui a profondément marqué les habitants de Buzançais au XIXe siècle. Ce jour-là, on parlait de « flot de peuple» : toute la population de Buzançais est venue saluer sa bienfaitrice.
Lors des Jacqueries de 1847, le couvent faillit être mis à sac, mais c’est sur l’instance d’une femme dont l’histoire n’a pas retenu le nom que les émeutiers ont rebroussé chemin. L’œuvre de Marie-Julie d’Auvergne s’est poursuivie et étendue, jusqu’en 1970, année de la fusion de la congrégation de l’Immaculée Conception de Buzançais à celle de Saint-Méen-le-Grand (Bretagne).
Auteur : Josquin Hannequart (DPI OK)